Vivons curieux!

Ca fait plus d'un mois que nous sommes rentrés, Même pas pris la peine de ronchonner un bon coup!!

Pourtant j'aurais de quoi! 9h de trous dans mon emploi du temps, qui dit mieux? Pas mal, hein?

Mais faut pas que je me plaigne, je suis prof d'allemand, donc je n'ai que des bouts de classe, alors on me colle les heures de 8 à 9, entre midi et deux et de 4 à 5. Evidemment, je suis sur deux établissements, mais c'est normal, je suis prof d'allemand, j'en ai de la chance, de pas en avoir trois cette année! J'pourrais jamais avoir d'heures sup',  ni  être prof principale.

Si c'est pas de la discrimination! Bon, les heures sup' je m'en tamponne, mais prof principale, j'aimais bien, quand j'étais sous d'autres cieux.

Mais pourquoi ils veulent pas apprendre l'allemand, les gens?

Parce qu'ils sont pas curieux.

La société est effrayante, consumérisme et individualisme. Bravo!  Je prends, je goûte, je jette à la moindre difficulté rencontrée ou imaginée. Je ne vois que mes droits.

Ma mémé, qui a connu l'Occupation, un frère tombé en 14, deux frères prisonniers en 40, un cousin mort en déportation en 44, elle était plus ouverte d'esprit après ses 4 ans d'école communale que tous ces parents bon ton, qui ont pour la plupart fait des études supérieures, en apparence dégoulinants de principes, mais qui ne pensent qu'à leur petit confort personnel.

Qui les en blâmerait? Moi aussi, je râle après mes 9h de trous, par confort personnel. Mais le problème, c'est que la curiosité semble éteinte chez eux.

Ca se voit dans le regard des vieux, cette curiosité, c'est pour ça que je les aime.

J'aimerais bien que le service des stats de l'Educ Nat étudie la typologie des familles des gamins qui font de l'allemand. D'après ce que j'observe depuis quelques années, il subsiste, comme jadis, une marge de gamins qui choisissent l'allemand par stratégie pour être dans une bonne classe, mais il y a aussi de plus en plus, proportionnellement, et c'est très récent, des familles curieuses, réellement ouvertes. Ce sont souvent des familles modestes, et ça fait vraiment plaisir.

Heureusement.

Nous venons d'accueillir les correspondants allemands, c'était un bonheur. Je le répète, ça fait plaisir d'enseigner à des gamins curieux, ils ne sont pas forcément cultivés mais ont une vraie curiosité spontanée.